Mihaël se réveille...

( Je retranscris du papier à l'ordi ^^)

La lumière violente du soleil frappa le visage endormi de Mihaël. Grognant, il se tourna dans les draps blancs et prit l'oreiller pour se protéger de la luminosité. Mais c'était déjà trop tard, son corps se réveillait, obligeant son esprit à suivre. Il ouvrit péniblement ses yeux, mettant sa main en visière histoire d'avoir un peu d'ombre. Pourquoi n'avait-il pas fermé ces fichus rideaux. Ah…oui il n'était pas chez lui et jusqu'à maintenant, n'avait pas réussis à rassembler ces idées en autres choses qu'une masse incohérente.

Finalement, le jeune homme aurait peut-être préféré être rester dans cet état d'affaiblissement. Ou alors dormir encore un peu, juste pour éviter les questions qui s'amoncelaient en lui. Pourquoi était-il ici ? Pourquoi en vie ? Qu'est-ce qu'il l'attendait ? Mihaël soupira, sentant une migraine poindre et s'ajouter à la petite douleur qu'il ressentait au niveau du cou. Son cou…il y porta sa main t caressa la peau encore rougie, frissonnant en se rappelant la douleur de la morsure.

Ne voulant plus y penser, il tourna la tête à la recherche d'habits. Se promener nu dans un lieu inconnu…très peu pour lui. Ce n'était que son deuxième jour ici, et encore, le premier, il l'avait plutôt passé enfoui dans le lit, écrasé par la fatigue. Enfin, pour résumer, il découvrait et était loin d'avoir trouver ses marques.

Le jeune voleur se leva, heureux de constater qu'il pouvait bouger sans avoir envie de vomir ou de s'évanouir. La faiblesse qui l'avait prise tout le long de la journée précédente était passée. Et il en était ravi. Trouvant enfin un pantalon, il l'enfila avant de détailler avec circonspections la chemise à sa disposition. Sans manche, elle ne se fermait qu'à moitié, dévoilant entièrement son cou et une partie de son abdomen. Mihaël haussa les épaules et se résigna à l'enfiler. Ce serait toujours mieux que de rester à moitié dénudé.

Frissonnant quand même un peu, il prit un des draps qui avait accueilli son sommeil et s'y enroula camouflant la peau qui était restée découverte. Mihaël était complètement inconscient du fait que son odeur imprégnait le tissu. en plus, il n'avait pas pris de douche -réflexe stupide, il ne pouvait pas se laisser aller à une telle intimité dans un lieu inconnu. Une fois habillé, les cheveux un peu en bataille, il resta désœuvré. Le jeune voleur, habitué à être à l'extérieur et à courir la plupart du temps, s'approcha de la fenêtre. Il voulut l'ouvrir, mais c'était sûrement trop demander ; elle était fermée.

Nerveusement, il regarda autour de lui à la recherche d'un instrument, mais ne trouva rien. Enfin si, il y avait plusieurs manières de s'évader d'ici. Avec un peu de préparation. Là, il avait entendu un léger bruit qui semblait venir de la pièce d'à côté et s'était aussitôt mis sur ses gardes, faisant semblant de regarder à l'extérieur.

Mihaël frémit une nouvelle fois et malgré son air froid et obtus, ne pouvait empêcher la peur de s'infiltrer dans ses grands yeux bleus. De la nostalgie et de l'incompréhension aussi. Doucement sa main se referma contre la vitre, comme pour attraper les rayons du soleil qui jouaient à l'extérieur. Il avait tellement envie d'aller respirer l'air frais…de bouger, de courir. Deux jours de captivité c'était déjà trop…ça en devenait presque une douleur physique.

Lauri venait de rentrer d'une Chasse plus que fructueuse. New-York était vraiment une ville idéale pour un vampire de son envergure. Il avait pu boire à satiété et arborait un sourire calme et satisfait. Il se téléporta dans la petite cuisine de la Fraternité, prépara un bon petit-déjeuner, puis alla dans sa chambre. Son invité devait être réveillé à présent.

Le Finlandais forma une petite clé d'ombre, l'inséra dans le trou de la serrure, la tourna et ouvrit la porte. Soudain, son odorat fut assailli par l'odeur divine de son prisonnier. Il remercia l'instinct qui l'avait forcé à aller chasser. Le parfum du garçon était réellement enivrant. Et son sang était meilleur que tous ceux qu'il avait pu goûter, hormis celui de son cher Arto. C'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles Mihaël était encore en vie.

Le Vampire entra dans la chambre et posa le plateau couvert de nourriture à l'odeur alléchante sur le lit. En plus de deux siècles d'existence, Lauri avait eu largement le temps d'apprendre à cuisiner des plats dignes des plus grands chefs. Ensuite il se tourna vers le jeune Chasseur.

Good morning ! lança-t-il avec un léger accent finlandais. Comment te portes-tu ? Je suis sincèrement navré de la brutalité dont j'ai fait preuve à ton égard.

Le Chef de la Fraternité s'approcha de son interlocuteur avec la grâce et la souplesse d'un félin. Il abaissa un peu le tissu qui lui recouvrait la gorge et frôla la carotide du jeune homme de sa voix naturellement douce et sensuelle.

Mais il me faut avouer que le jeu en valait la chandelle

Puis il alla s'asseoir sur une chaise de l'autre côté de la pièce.

S'il m'est permis un conseil, tu devrais manger, maintenant, au vu de la quantité de sang que je t'ai prise, petit.

Mihaël avait entendu du bruit et voir la porte s'ouvrir lui confirma ses soupçons : quelqu'un lui rendait visite. il ne regarda pas tout de suite le visage de l'homme, trop attiré par le plateau de nourriture. Ses yeux étincelèrent, il avait faim…personne ne semblait avoir pensé à le nourrir jusque-là et l'odeur qui s'échappait des aliments rassurait déjà son ventre sur son futur.

Détaillant enfin le vampire qui l'approchait, il eut un mouvement de recul, mais pas assez vif pour éviter la caresse. La salutation l'avait fait frémir. Brutalité ? C'était le mot, oui ! L'accent finlandais l'intrigua un peu et il comprit qu'il se trouvait devant le chef de la Fraternité. Le journal qu'il avait dérobé fourmillait d'informations et Mihaël avait une excellente mémoire.

La voix doucoureuse, beaucoup, beaucoup trop proche de lui provoqua une coulée glaciale le long de son échine. Le jeune voleur regretta brusquement de s'être mis dans un coin, mais l'appel de la fenêtre avait été trop fort. La suggestion lui arracha une moue désabusée alors qu'il entendait ce vampire parler aussi simplement de ce qu'il avait fait. Sans regarder le plateau, mais plutôt son geôlier, il demanda:

" Pourquoi ne m'avez-vous pas tué ? Ou transformé en vampire ?"

La confusion paraissait clairement sur ses traits. Il voulait comprendre. Pas une once d'animosité ou de mépris n'avait tâché sa voix, juste de la curiosité.

Etant affamé, il consentit à rejoindre le plateau et grignota un morceau de pain, détournant un peu la tête ; le regard de Lauri sur lui le gênait. Rencontrant les yeux verts, il y planta ses grands yeux bleus :

" Pourquoi me retenez-vous prisonnier ?"

Mihaël était toujours sur le qui-vive, énervé de ne plus avoir ses poignards et surtout tendu comme un jeune animal privé de promenade, Il avait trop d'énergie à dépenser. Le voleur s'assit enfin, toujours altier. Ses mouvements étaient fluides comme composant une danse. Son métier de voleur lui collait au dos et il était indissociable de son caractère, de son comportement et de sa manière de se mouvoir.

Lauri eut un sourire amusé en entendant les questions de son hôte. Ce dernier ne montrait aucune animosité, juste une grande confusion. Le vampire réfléchit un peu. La courtoisie l'obligeait à dire la vérité. Après tout, il lui avait bu une grande quantité de sang. La moindre des choses serait qu'il soit honnête avec le beau jeune homme.

" Et bien, il y a plusieurs raisons au fait que tu sois encore en vie : tu as un sang des plus délicieux, tu es magnifiquement beau et je n'aime pas priver la Terre des beautés que les hommes ont bien voulu lui laisser, si je peux l'éviter. Pour ce qui est de la transformation, je vais certainement te paraître totalement égoïste (ce que je sais que je suis parfois), mais c'est tout simplement parce que cela altérerait le goût de ton sang. "

Le Nordique sentit la gêne de son invité face à son regard, il détourna dons les yeux et se mit à jouer avec les ombres de la pièce. Il voulait que son invité soit à l'aise en sa présence, même si c'était plutôt mal parti. Décidément, don côté noble s'accordait mal à sa condition de Vampire.

" Comment t'appelles-tu au fait, petit ? Pour ma part, je me nomme Lauri Johannes Kuusta Matti Nils Hakala, mais appelle moi donc Lauri."

Pourquoi se sentait-il toujours obligé de citer tous ses prénoms ? Il l'ignorait.

"Pour répondre à ta dernière question, si je te garde enfermé, c'est parce que dans cette demeure se trouve un nombre conséquent de Vampires qui ne savent se contrôler aussi bien que moi. Il serait tout à fait regrettable qu'il t'arrive malheur, mon chaton."

Pour l'instant, il ne risquait rien. Enfin, ça se nuançait. Il risquait de se faire mordre encore de nombreuse fois. Le sous-entendu l'avait fait frissonner et porter sa main à son cou. La morsure lui avait fait mal et il appréhendait un peu. Et puis, tout ça lui paraissait incroyable.

" Un sang enivrant ? un beau corps ? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. J'ai survécu jusqu'à mes dix-sept ans, non ? Et puis, je ne suis ni grand, ni élancé, plutôt petit et fin…puis…vous vous êtes regardé ?"

Ses mains entourèrent la tasse de chocolat chaud. Il n'avait toujours pas sourit, malgré l'apaisement qui s'insinuait lâchement en lui par la digestion. Mihaël entendit la présentation et ne put s'empêcher de soupirer.

"Un snob…Chouette…"

Sa voix avait été légère et après un moment d'hésitation - il était un voleur quand même - il accepta de se présenter.

" Ethan. Mihaël Ethan."

La pièce se réchauffait par les rayons du soleil qui y entrait et le jeune homme avec son chocolat eut bientôt trop chaud. Ou disons plutôt qu'il n'était habitué qu'à de l'air frais et à avoir légèrement froid. Alors qu'il allait enlever le drap qui le couvrait encore, ses mains s'arrêtèrent et il dévisagea Lauri. Ses pensées n'assimilèrent pas le surnom, trop préoccupées par un autre détail. Déstabilisé et à nouveau inquiet, il baissa la tête.

" Je vais devoir rester ici…tout le temps ?"

Ses poings se crispèrent. L'adolescent n'arrivait pas à supporter cette idée. La lumière de l'extérieur l'attira plus vivement encore. Le voleur regarda fixement la fenêtre puis son corps se relâcha. Il pourrait toujours s'enfuir. Après tout, pendant dix-sept ans, il n'avait jamais eu de problèmes.

Lentement il se calma et fit rentrer les larmes qui avaient failli couler. Ses mains continuèrent leur ouvrage et il ôta le drap de ses épaules. Relevant alors son visage fermé et un peu boudeur, il remarqua les ombres dansantes et planta ses yeux agacés, colorés d'une touche de tristesse, dans ceux de Lauri.

" Donc, si je résume. Je suis maintenu en captivité par un noble snob, Chef de la Fraternité, parce que je suis censé avoir un sang merveilleux et que ce chef des vampires veut me garder tout pour lui par gourmandise."

Un instant, il se demanda si Lauri avait déjà dit qu'il était le Chef de la Fraternité, puias haussa les épaules. Il s'enfichait un peu en fait. Son père commençait déjà à lui manquer, tout comme l'heure où il allait courir avec lui. Soupirant, Mihaël se leva avec sa grâce de voleur et retourna à la fenêtre. Il ne voulait pas le dire, mais enfermer un cambrioleur…quelle ironie. Il n'allait pas pouvoir dépenser ce trop plein d'énergie.

" Pourquoi n'avez-vous pas tout bu d'un coup ? Si c'était si excellent ?"

A peine un reproche. Mais Mihaël sentait sa colère et sa frustration grandir en lui. Mince, la liberté c'était une des seules choses qui comptait réellement pour lui. Ainsi il ne pourrait pas continuer ses recherches sur son passé ni faire honneur à son père en réussissant à devenir un voleur légendaire.
Ses doigts caressèrent le bois du cadre de la fenêtre, analysant les défauts, remarquant la vieillesse du matériel et surtout s'informant sur la manière la plus appropriée de la forcer. Un petit sourire illumina le visage du jeune homme. C'était trop facile. Il se rembrunit, se morigénant. Evidemment que c'était trop facile, imbécile ! Et les vampires ? Il avait failli oublier leur capacité.

Tout comme il avait un peu perdu de vue le fait qu'il n'était pas seul dans cette chambre. Son visage s'était à nouveau éclairé face au défit : s'échapper, glisser entre les mains des vampires. C'était amusant et intéressant…et ça rejoignait son idée lorsqu'il avait piqué le journal de Mikaël Spencer.

Lauri regarda son invité manger, un petit sourire aux lèvres. Non seulement ce dernier avait un sang enivrant, mais il était en plus très agréable à regarder. Un vrai petit visage d'ange. Le Vampire était ravi par sa trouvaille, étant un peu Don Juan dans l'âme. Ce serait très intéressant et amusant d'attirer ce mignon petit humain dans son lit…Pas tout de suite, mais sur le long terme…

Bref, il sortit de ses idées peu catholiques au nom d'Ethan. Où l'avait-il déjà entendu. Ah oui ü Duncan lui en avait parlé quelques années auparavant.

" Ethan ? Comme Taris Ethan ?"

Taris était le précédent Alpha de la région. Il devait bien avoir huit cent ans, maintenant.

" Tu as survécu jusque-là parce que tu as un des plus vieux Immortels des Etats-Unis d'Amérique comme protecteur. "

Le fait que Mihaël s'inquiète de devoir rester enfermé attendrit quelques peu le Finlandais. Il s'approcha gracieusement et silencieusement de son hôte et dit d'une voix douce :

" Dans un premier temps, oui. Même à travers tous ces murs, mes "Frères" sentent très bien que tu es là, ils sont très agités. Ils m'obéissent, mais te laisser sortir quand ils sont dans cet état nerveux serait te mettre en grand danger inutilement."

quand l'humain lui révéla qu'il savait qu'il était le Chef de la Fraternité, un sourire satisfait apparut sur les lèvres du noble.

" C'est donc bien toi qui a volé le journal de feu Michael Spencer. Je m'en doutais."

Il avança encore un peu pour arriver presque à côté de l'adolescent. Son parfum emplissait les narines du Vampire bicentenaire, menaçant de lui faire perdre le contrôle de lui-même. La chemise de Mihaël montrait ostensiblement sa gorge.

Le petit invité lui demanda pourquoi il n'avait pas bu son sang jusqu'à la dernière goutte. Sans lui laisser le temps de réagir, Shadow lui immobilisa les bras et lui fit pencher la tête de côté en lui susurrant à l'oreille :

" Cela peut s'arranger, mon chaton…"

Il approcha sa bouche de la carotide, souffla dessus et la lécha un peu, guettant une réaction…

Un des plus vieux Immortels comme protecteur ? Taris, un loup-garou ? (il ne pouvait pas être un vampire si son sang était si attirant) Mihaël faillit rire, mais l'impulsion se coupa dans sa gorge. C'était tout à fait possible, après tout, il n'était que son père adoptif. Mais pourquoi le protégeait-il alors ? Perdu dans ses réflexions, Mihaël avait presque oublié la présence du vampire et il sursauta en l'entendant si proche.

La porte laissée ouverte par le " dans un premier temps" le rassura un, mais le danger promit par la proximité d'autres vampires le fit frissonner. Le voleur n'avait pas forcément peur de mourir, plutôt de souffrir. Et des canines qui déchirent votre peau, il avait déjà testé, ça faisait mal.

L'affirmation de son vol fit sourire ingénument Mihaël., mais il ne dit rien. Secret professionnel. Un voleur n'avouait jamais aussi facilement ses vols, un peu comme un magicien. C'était une des premières règles que Taris lui avait imposés.

Lauri s'approcha encore un peu plus et Mihaël dut se retenir pour ne pas fuir de l'autre côté de la chambre. C'aurait été un coup dur pour sa fierté. Néanmoins, il ne put cacher la peur qui le reprit alors que la distance était réduite au point où on le touchait. essayant de se dégager, il s'aperçut qu'il était immobiliser puis sentit une main lui tourner la tête, exposant son cou de façon presque indécente.

Les paroles l'effrayèrent et les larmes lui montèrent aux yeux. S'il avait dit ça, c'était parce que une fois mordu, la douleur était déjà là et qu'il aurait préféré en finir. C'était différent maintenant !

L'appréhension de la douleur - chose qu'il détestait - séparait sa personnalité en deux. D'un côté ses yeux étaient brouillés par un voile d'eau, de l'autre, il protesta :

" Je ne suis pas un chaton, espèce de snob à la manque !"

Sentir le souffle, puis la langue sur sa peau l'immobilisa un instant avant qu'il ne recommence à se débattre, les pleurs souillant son beau visage. Il n'aimait pas avoir mal, il ne voulait pas être mordu. Et puis…devoir endurer une nouvelle journée cet état de faiblesse où il avait été plongé hier. Non, merci ! Sans se calmer, il demanda, comme pour essayer de gagner du temps. Oui, du temps pour que son cerveau tourne à nouveau et lui fournisse une solution. Car il devait en avoir une, non ? Il y en avait toujours une !

" Pourquoi est-ce que mon père serait un Immortel ? Et pourquoi veillerait-il sur moi ? Je ne suis qu'un humain, merde !"

Vulgaire ? Non. Il paniquait d'avoir une source d'informations sur lui et de ne pas pouvoir en user. De plus, voir quelqu'un boire son sang…ce n'était pas très affriolant, ni rassurant. Balbutiant, il demanda d'une voix faible :

" Vous allez réellement me mordre aussi souvent ?"

A noter qu'il affirmait ainsi savoir que Lauri n'allait pas le tuer. Après tout, Mihaël détenait ce fameux journal, et était le seul à en connaître la cachette.

Ayant obtenu exactement la réaction qu'il attendait, Lauri sourit, déposa un petit baiser dans le cou de son jeune invité et le lâcha. Il devait arrêter ce petit jeu avant de ne plus pouvoir s'arrêter (autant sur le plan sanguin que l'autre ^^). Il retourna s'asseoir de l'autre côté de la pièce, croisa nonchalamment les jambes, sans cesser de regarder l'humain et lui répondit sur un ton calme et froid :

" C'est la troisième fois que tu me traites de snob, chaton. Cela commence sérieusement à me lasser."
" Pour ce qui est de ton père, comme tu dis, il s'agit du précédent loup Alpha de la région de New-York. Pour ton information, il a plus de huit cents ans. J'ignore pourquoi il veille sur toi, mais je te prierai de ne pas être aussi vulgaire."

Le vampire savait bien que la nouvelle génération humaine avait une forte tendance à être extrêmement grossière, mais c'était une chose qu'il ne supportait pas. Son éducation y jouait un grand rôle.

Voyant les larmes de son vis-à-vis, Lintu se leva et s'approcha à nouveau de lui, lui posa tendrement la main sur l'épaule et lui dit, de sa voix la plus douce :

" Si tu as peur de la douleur, j'éviterai, mais n'oublie pas que je suis un vampire, chaton. Il y aura sûrement des jours où je ne pourrais pas résister, mais je ferai de mon mieux. Je te le promets."

Mihaël pleurait comme à chaque fois que la promesse d'une douleur l'approchait. Lorsqu'il sentit les lèvres du vampire sur son cou, il se crispa, appréhendant une douleur qui ne vint jamais. Le baiser le surpris, mais il se rendit vite compte qu'il était désormais libre de tous mouvements. Quittant la fenêtre, il alla s'asseoir sur le lit un peu chancelant. Ce n'était pas parce que Lauri lui avait fait mal, bien au contraire, il avait à peine un léger engourdissement dans la nuque.

Cependant, s'il n'aimait pas être prisonnier, ça relevait autant d'une pièce que d'une immobilisation. La remarque quant à sa tendance à l'usage du mot snob fut enregistrée par son cerveau, mais pas immédiatement traitée. Le voleur pensait à autre chose. Ses yeux bleus se levèrent sur le chef de la Fraternité, emplis de larmes.

Lorsqu'il prononça l'âge de son père la surprise se mêla au doute dans son regard douloureux. Sérieusement ? 800 ans ? Il en faisait plutôt trente-cinq. et Loup Alpha ? Mihaël fut impressionné, mais n'eut pas le temps de faire un commentaire, rougissant face au reproche quant à son vocabulaire. Comme un enfant pris en faute - ce qui était le cas - il s'excusa tripotant ses doigts, la voix honteuse et toujours marquée par sa peur.

" Pardon, ce n'est pas dans mes habitudes."

Quand le vampire se leva, Mihaël eut une nouvelle poussée d'adrénaline, mais ne broncha pas, un reste de raison lui soulignant que question rapidité, il ne pouvait guère concurrencer son geôlier. La main tendue sur son épaule et les paroles douces n'eurent qu'un seul effet : il éclata en sanglots et posa sa tête contre le buste de Lauri, C'était un moyen d'évacuer la tension qui avait régné sur son corps dès son premier réveil ici. il était un peu rassuré quant à son avenir et les sanglots s'espacèrent au fur et à mesure que les larmes s'estompaient. D'une voix encore peu sûre, il répliqua enfin à la première remarque :

" J'arrêterais de vous appeler snob quand vous cesserez avec vos chatons. Je n'ai rien d'un de ces animaux-là."

Le jeune voleur s'écarta du vampire et se laissa tomber sur le lit. La fatigue recommençait à gagner du terrain sur son corps ; trop d'émotions, trop de furstration et peut-être aussi, trop de sang perdu. Il fronça les sourcils, loin de ces constatations matérielles. Le sommeil n'avait jamais été qu'un besoin secondaire chez lui. A la limite, quatre heures par jour lui suffisaient amplement. Et là, cela faisait presque 20 heures d'affilée…il haussa les épaules et, toujours alangui sur le lit, continua son interrogatoire :

" 800 ans ? Il ne les fait pas. Bah…De toute manière, je savais déjà qu'il n'était pas mon vrai père…bon, ben s'il a réussi à me protéger ainsi, vous n'avez plus de raisons pour me garder ici ? Si ? "

Oublier les détails dérangeants. L'esprit de Mihaël était passé maître en la matière. Et puis, il savait que ne pas se dépenser durant de longues périodes le rendait insupportable et il ne voulait pas provoquer la colère de Lauri. Mihaël sentait naître une appréciation favorable du vampire. Ce dernier avait été gentil après tout - sauf pour l'épisode de sa capture, mais il s'était excusé. Les orbes bleues, un peu rougies par les précédents pleurs, étaient désormais paisibles et la peur, bien que restant présente, avait délaissé le regard de Mihaël.

Lauri fut surpris quand Mihaël posa sa tête contre son torse en pleurant. Presque instinctivement, le Finlandais se mit à lui caresser tendrement les cheveux blonds de l'adolescent. On pouvait presque dire qu'il y avait plusieurs personne en Shadow. Mihaël avait eu l'occasion d'en voir trois différents: le Prédateur, le Noble et le Proctecteur. C'était plus que des facettes de sa personnalité, c'étaient vraiment des personnalités diférentes. Lintu en était parfaitement conscient et parvenait à les contrôler.
Le parfum de l'Humain lui emplissait les narines, menaçant de lui faire perdre le contrôle de lui-même. Et le petit jeu de quelques minutes auparavant n'avait pas été des plus intelligents pour quelqu'un qui voulait réussir à se maîtriser.
La remarque du jeune voleur fit sourire le Vampire qui cessa ses caresses rassurantes, lui prit doucement le menton entre le pouce et l'index, plongea son regard d'émeraude pure de celui de saphir de son invité et répondit:

Un chaton respire l'innocence et la pure beauté. Comme toi.

Puis il lâcha le petit et s'approcha de la fenêtre. Elonkorjaaja (son corbeau d'ombre) s'était posé sur le rebord extérieur et observait son maître de ses grand yeux verts. D'une pensée, Lintu lui ordonna de le rejoindre, ce que l'oiseau fit sans rechigner. Il se transforma en nuage d'ombre et passa à travers la fenêtre pour reprendre sa forme corvidée.
Quand Mihaël lui dit qu'il n'avait plus de raisons de le garder ici, Lauri répondit, tout en caressant Elonkorjaaja:

Tu oublies une chose, Mihaël. Ce n'est pas que pour te protéger que je te garde ici. Quand je t'ai mordu, j'avais décidé de te tuer. J'étais en pleine Chasse. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles je ne t'ai pas pris ta vie, mais si je te garde ici, ce n'est pas pour ta protection. J'ai mes raisons, c'est tout.

Les caresses sur ses cheveux faisaient du bien à Mihaël qui se calma. Il était plutôt versatile comme adolescent. Fonceur, agaçant, têtu, mais qui fondait en larmes dès qu’on le touchait au bon endroit. Et la douleur avait toujours été un point faible chez lui. Déjà son père savait parfaitement comment l’utiliser, même s’il ne le faisait quasiment jamais. Mihaël ne savait pas d’où venait cette peur de la douleur, mais elle avait toujours été là, aussi loin que remontaient ses souvenirs.

Le menton soulevé, il contempla les yeux de Lauri, se surprenant à penser qu’ils étaient beaux. La phrase le fit vite revenir à des pensées plus raisonnables et il fit une moue. Lui innocent ? En quoi ? Son casier judiciaire était vierge, effectivement…mais c’était surtout parce qu’on ne l’avait jamais attrapé. Quant à la beauté…Mihaël ne pensait pas être beau…les seuls images représentatives de la beauté qu’il avait vu ne lui ressemblait pas du tout. Il n’imaginait même pas qu’elles puissent être retouchées…

« Innocent ? Un voleur ? Vous êtes bien paradoxal. »

Il faisait attention à sa manière de parler. Pas par crainte du vampire, mais plutôt parce qu’il respectait son père qui l’avait éduqué ainsi. En même temps, Mihaël comprenait…800 ans d’existence… ça faisait des manières de noble…en tout cas, ça les construisait.

Le voleur vit le corbeau entrer ainsi par la fenêtre et loin d’être effrayé ses yeux brillèrent de fascination et d’admiration. Oui, décidément, il aurait été parfait dans le rôle de l’enfant ingénu. Qui n’aurait pas peur du surnaturel ? Mais bizarrement, Mihaël, au fond de lui, se sentait comme une brebis au bercail. La réplique à sa proposition le fit grimacer. Il ne comprenait toujours pas.

« Je ne vois toujours pas pourquoi vous ne m’avez pas tué…si vous aviez décidé de le faire. »

Oh bien sûr, il voyait une raison, le journal…mais Lauri ne pouvait l’avoir deviné que tardivement. Pas tout de suite. Alors, la gourmandise…mais en étant à l’extérieur le chef de la fraternité pourrait toujours se servir. Alors quelles autres raisons justifiaient sa détention ? Pace que Mihaël en captivité, ça relevait de l’emprisonnement d’une tornade. La chambre n’allait pas y survivre.

Lauri caressait Elonkorjaaja en observant son jeune interlocuteur. La première remarque lui arracha un sourire amusé. Décidément, ce petit était vraiment mignon. S'appuyant le dos contre un mur, le corbeau sur l'épaule, il se passa négligemment la main dans les cheveux et répondit:

Il y a plusieurs sortes d'innocence, Mihaël...
Pour ce qui est des raisons pour lesquelles, je ne t'ai pas tué, je n'arrive à m'expliquer que les plus tardives, donc celles qui me sont venues à l'esprit qu'après avoir cessé de te mordre. J'ai été comme repoussé, un instant, je crois.
Mais, après tout, qu'est-ce que mes raisons ont de si important à tes yeux ? Après tout, tu es en vie, non.

Ca y était, il venait de se braquer comme il le faisait quand il ne connaissait pas la réponse à une question et qu'il avait failli l'avouer à haute voix. Il était très mauvais perdant.

Le chef de la Fraternité avait une certaine classe, Mihaël devait se l’avouer. La beauté envoutante des vampires n’étaient pas fictive. Il ne comprit pas la remarque du vampire, mais fut content de n’être pas appelé chaton une fois de plus. Par contre à la suite, il ne put retenir un pouffement. C’était lui ou le vampire s’emmêlait royalement les pinceaux ? Minute, repoussé ? Mais son sang n’était pas censé être horriblement attirant ?

La fin ayant été assez rêche, le jeune voleur fut assez raisonnable pour se taire et ne pas en rajouter. Le corbeau le fascinait d’ailleurs plus que les explications de Lauri et ses yeux ne l’avaient pas quitté un instant. Apparemment, il était fait d’ombre…Mihaël était très attiré par le surnaturel…déjà les vampires…là, il ne pouvait pas résister.
Et puis…un corbeau…ce n’était pas méchant, si ? En tout cas pas dans l’esprit de Mihaël. Le seul truc qui le dérangeait, c’était qu’il fallait s’approcher du vampire pour pouvoir accéder au corbeau. L’envie fut plus forte que la répugnance. D’un bond gracieux, Mihaël était aux côtés de Lauri et sa main approchait de l’oiseau.

« Aïe ! »

Le volatile lui avait fortement pincé la peau de sa main, la déchirant. Secouant la tête, grimaçant face à la douleur, il regarda, fasciné le sang rouge qui perlait sur sa peau. La plaie n’était pas très profonde, mais avait touché une grande surface…et en plus, se situait à une extrémité, ce qui faisait que le sang coulait sans retenue.

Trop occupé par sa douleur et surtout, étrangement fasciné par cette couleur carmin qui allait tâcher petit à petit le tissu de son pantalon, gouttant, Mihaël avait complètement oublié qu’il y avait un vampire à proximité. Lentement, il s’approcha de la salle de bain pour prendre de quoi panser sa blessure…puis il se rappela, et se retourna, regardant d’un air légèrement inquiet le chef de la Fraternité.

« Ne vous approchez pas ! »

Il se réfugia à l’ opposer de la chambre, sachant très bien que la porte étant fermée, il n’avait aucun endroit pour se réfugier. Le jeune voleur ne se rappelait que trop bien de la description dans le journal du pouvoir des ombres…malheureusement, le seul endroit où elles étaient limitées se trouvait au centre de la pièce…autant dire que c’était se rapprocher du prédateur.

Lauri n'eut pas le temps de dire à Mihaël qu'il ne fallait pas toucher Elonkorjaaja que son sang coulait déjà. Le Noble céda la place au Prédateur. Et ce dernier chassa méchamment le corbeau d'ombre, tout en continuant d'observer son "invité".
L'odeur du sang lui fit perdre patience quand le jeune voleur lui dit de ne pas approcher. Il eut un sourire sadique et se téléporta juste derrière lui.

Sinon quoi, mon chaton ? Sinon quoi ? lui murmura-t-il à l'oreille.

Il n'avait pas envie de mordre tout de suite, il préférait jouer un peu, avant, pour se mettre en appétit. Il passa un doigt sur la carotyde de sa victime, allant même caresser gentiment la clavicule. Soudain, il attrapa fermement la main blessée de l'humain par le poignet et y lécha le sang.

Tu as une peau si douce, Mihaël... Et ton sang est si délicieux...

Puis il le lâcha avec un sourire et se retéléporta en face de lui.

[courte réponse, je sais, mais j'avais peu d'inspi ^^. Sorry !]

Mihaël regardait Lauri avec peur. La douleur de sa main ne l'effrayait pas, en fait une fois que c'était fait, c'était fait. Mais le regard du vampire terrorisait le jeune voleur. Pas encore ! Pas maintenant ! Se faire mordre n'avait rien d'une promenade de santé. C'était douloureux, désagréable…tout enfin ! Mihaël avait les meilleures raisons du monde à ne pas vouloir se faire mordre.

Le corbeau avait disparu. Tant mieux. Par contre la voie de basse qui s'était brusquement trouvée derrière lui l'avait fait sursauter. Le jeune homme avait l'habitude des situations dangereuses, pourtant, il resta tétanisé par cette téléportation malvenue. La caresse sur sa carotide, glissant vers sa clavicule le fit frémir. Bouger. Il fallait qu'il bouge. Mais à quoi bon, il n'y avait aucune issue. Mihaël se sentait horriblement impuissant face à cette situation.
Plop.
Lauri se trouva devant lui et le captif le dévisagea. L'air du vampire le confirma dans ses noires pensées…il avait craqué…la morsure ne pourrait pas être évitée. La bouche sur son doigt avait déclenché une sueur froide le long de l'échine de l'adolescent. Oh non…s'il vous plaît…Mihaël n'arrivait même plus à parler, la gorge serrée par l'appréhension. Même le chaton n'avait pas fait jaillir des flots de protestations

Le jeune homme croyait déjà sentir les crocs déchirer sa chair, s'y enfoncer, puis sucer. Le sang pulserait à l'endroit de la morsure avant d'être aspiré par la bouche avide. Il y aurait les bruits de déglutition et l'horreur de se rendre compte que c'était son sang qui était ainsi avalé…puis viendrait un léger engourdissement. Une froideur qui contaminerait tous les muscles un par un. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que les poumons et le cœur comme seuls survivants. Les paupières qui tombaient, le souffle qui se coupait. Puis l'inconscience et ce sentiment d'expulsion.

Plongé dans son délire, Mihaël tremblait et s'était reculé jusqu'à sentir la paroi du mur contre son dos. Non…Les yeux du jeune humain reflétaient sa condition de proie…Quelle assurance avait-il de ne pas mourir ? Aucune…Il se força à parler. Par instinct de survie. Sa bouche était sèche, mais il réussit à articuler :

" Sinon…sinon je ne vous dirais jamais où est le journal."

Du chantage. Puéril. Surtout si on savait que jamais, oh grand jamais, il ne dévoilerait la cachette de son larcin. Déjà là, seule la peur l'avait forcé à avouer qu'effectivement, c'était lui qui l'avait en sa possession. Mais quelles autres armes avait le jeune homme ? Ses deux poignards fétiches lui avaient été ôtés…

Lauri s'amusait vraiment beaucoup. Mihaël finit par s'acculer tout seul. Le Vampire s'approcha lentement de sa proie, adoptant une lenteur sensuelle et terrifiante. Il ne restait plus rien du doux et "sympathique" Finlandais avec lequel l'adolescent avait débuté la conversation. En ce moment, le Chef de la Fraternité n'était qu'un concentré de sadisme et d'égoïsme. Son sourire était celui du Prédateur qu'il était à présent. Ses yeux, habituellement couleur émeraude, étaient devenus deux rubis incandescents.
Une fois arrivé à la hauteur de sa proie, Shadow se mit à lui caresser les épaules. Le chantage de son "chaton" lui arracha un ricanement à glacer le sang. Un ricanement presque dément.

Comme si tu avais eu, ne serait-ce qu'une seconde, l'intention de me dire où il est ! Et puis, pour être tout à fait franc avec toi, je me fiche d'avoir ou non, ce maudit journal. Tant qu'il est en sûreté...

À ce moment-là, il dégagea une mèche de cheveux qui lui barrait le passage vers l'objet de ses convoitises.

Je te promets que ce ne sera pas trop pénible. Mais, ne bouges pas trop.

Le Nordique approcha lentement sa bouche de la gorge du jeune humain, y déposa quelques petits baisers, puis mordit. Le sang chaud et délicieux se rua dans sa bouche et Lauri crut arriver directement au Paradis. Il se mit à aspirer le sang, avidement, comme si cela faisait des jours qu'il ne s'était pas nourri.
Soudain, il fut repoussé par une force incroyable. Il s'écrasa contre le lit, manquant de le briser par la même occasion, le corps aussi engourdi qu'après une énorme d'écharge électrique.

What's the hell... ?! cria-t-il, son accent finlandais reprenant le dessus.

L'approche lente et mesurée du vampire n'était pas pour rassurer Mihaël. Se collant un peu plus au mur, il essayait, en vain, d'y fondre et de disparaître. Formulant son chantage, il se crispa un peu plus sous le refus moqueur que Lauri lui donna. Tant qu'il était en sécurité ? il s'en foutait ? Mihaël avait les yeux écarquillés et réitéra son essai sur la paroi, remarquant avec une grimace terrifiée que non, décidément on ne pouvait pas s'y fondre.

La demande provoqua chez lui un sursaut d'indignation qui n'eut pas vraiment le temps de dépasser la manifestation physique. Déjà les doigts se posaient sur lui, écartant ses cheveux de la voie qui menait à sa gorge. Le jeune voleur se crispa alors, sachant que la morsure était imminente. Il tremblait en de grands spasmes incontrôlables. Le vampire lui avait dit qu'il y irait doucement, mais quelle assurance avait Mihaël ? A nouveau, aucune…

" Arrê…"

Les bisous sur sa peau le rendirent muet. La scène se répétait, sauf que cette fois le détenteur de ces lèvres avait réellement l'intention de le mordre. Mihaël avait beau avoir déjà connu cette douleur et en être averti, lorsque les crocs transpercèrent sa peau, il cria au moins aussi fort que la première fois.
Mal…
La douleur venait par vague car après la morsure, c'était le sucement du sang qui tirait sur la peau endolorie. Ses oreilles bourdonnantes captaient néanmoins le bruit de déglutition et Mihaël se sentit faiblir au fur et à mesure que le sang s'écoulait hors de ses veines. Bientôt il dut s'accrocher à Lauri pour ne pas tomber, geignant toujours. Le voleur ne s'était pas débattu cette fois…Pouvoir voir le danger approcher, ne pas être pris totalement par surprise et surtout, ces yeux rouges, l'avaient immobilisé.

Mais cette fois, Mihaël refusa le confort de l'évanouissement. Incapable de parler, la bouche de plus en plus pâteuse, il luttait, refusant de donner à nouveau son sang. Intérieurement, ses pensées se rassemblaient en un grand cri de protestation, de rage. Alors que des larmes tâchaient son beau visage, le jeune homme résistait mentalement contre la petite voix qui lui disait de se laisser faire, de donner son sang. Il ne voulait pas. Pas comme ça. En lui une clameur naissait et grondait. Qui était ce vampire qui osait le déguster sans son avis ?

Puis tout cessa. Mihaël vit le corps de Lauri éjecter sur le lit et n'ayant plus rien pour le soutenir, dut se laisser glisser le long du mur. Il entendit l'exclamation, lourdement chargée de l'accent finlandais. Puis ses yeux se fermèrent. Le voleur ne s'était pas évanoui, refusant toujours ce repos. Il se tenait alangui contre le mur, du sang s'écoulant encore de la morsure pour venir colorer la chemise qu'il portait.

Lauri se releva tant bien que mal, encore un peu engourdi par le choc. Le lit avait bien morflé, mais le Finlandais s'en fichait pas mal. Ses yeux avaient repris leur couleur émeraude. Le Prédateur avait laissé sa place au Protecteur, cette fois-ci sans passer par le Noble. En voyant l'état de Mihaël, il se précipita vers lui, s'agenouilla, le pris dans ses bras tendrement et lui dit:

Excuse-moi, Mihaël. Je suis sincérement navré de t'avoir fait ça. Je n'ai pas pu retenir le Prédateur, comme je l'appelle, quand tu as commencé à saigner. J'aurais dû te prévenir avant: Elonkorjaaja n'accepte d'être touché que par moi. Encore une fois, je suis désolé.

Le Vampire ne savait plus quoi dire. Ses manières de noble semblaient avoir disparu au profit d'une culpabilité immense. Seul ce qu'il avait fait l'habitait.

Comment peut-on supporter la douleur ? Mihaël se posa une millième fois la question. Il ne comprenait pas vraiment et ses larmes en étaient des preuves. Il avait gardé les yeux fermés, profitant d'être loigné de ce vampire pour se calmer un peu. SOn coeur battait la chamade, enhardi par la peur et par la colère. Une colère que Mihaël ne comprenait pas et qui disparut auusi rapidement qu'elle était apparue.

Recroquevillé contre le mur, l'adolescent sentait le sang dégouliner le long de sa peau et aller humidifier sa chemise. Elle lui collait désormais à la peau. Tout doucement, sa main monta caresser les deux petits trous puis appuyer de manière à stopper le mince filet qui en sortait encore. Il en avait marre...depuis qu'il s'était réveillé ce sentiment gagnait de plus en plus de puissance en lui. Alors quand Lauri le prit dans ses bras, ce ne fut qu'à cause de sa fatigue qu'il ne le repoussa pas.

Mihaël croyait comprendre ces personnalités qui influaient sur le comportement du vampire, mais là, il était trop éprouvé pour faire preuve de compréhension. Même la tendresse ne trouvait pas clémence à ses yeux. Et surtout pas la culpabilité. Doucement, il ôta les bras autour de lui et se releva, sans rien dire, avec la tête qui tournait. Ses pas le menèrent directement à la salle de bain encore inconnue et il se planta devant le lavabo, dévisageant son visage dans la glace.

Il était pâle. Très pâle, de la même couleur que Lauri en fait. Un sac de farine ambulant. Ses yeux bleus étaient troublés par la fatigue et quelques cernes s'accumulaient sous eux. Je suis horrible. Cette pensée s'imposa à lui et il baissa son regard, ne supportant pas de voir ce sang tâcher sa peau. Le carmin lui allait bien, mais dans ce contexte, il ne l'aimait pas. Pas du tout même.

Mihaël ôta son haut et le laissa à terre, détaillant la morsure brièvement. Pendant ce temps, ses mains avaient ouverts le robinet et formaient une coupole que l'eau remplissait. Machinalement, l'adolescent nettoya la plaie, effaçant le sang coagulé et séché, jusqu'à ce que l'eau redevienne transparente. Il l'avait déjà fait quelques fois et ses mains connaissaient les mouvements. Son regard était vide, comme si son esprit était parti.

Puis il revint dans la chambre et s'écrasa sur le lit déjà bien malmené. Il ne voyait aucun intérêt en la culpabilité du vampire, rien. S'il se sentait coupable, il n'avait qu'à ne pas l'avoir enfermé ici. Il n'y aurait pas eu d'accident. Lauri n'avait qu'à le laisser tranquille s'il était si tourmenté que ça ! Lentement, des tremblements gagnaient le corps de Mihaël alors qu'il se refusait à pleurer.

" Arrêtez. "

Sa voix était froide alors que son véritable caractère reprenait le dessus. Il avait traité Lauri de snob...lui-même ne pouvait faire penser qu'à ça quand il se redressa. Sa stature était altière et hautaine. Malgré sa peau pâle qui laissait deviner sa fragilité, il arrivait se donner une image de supérieur.

" Je ne vais pas vous pardonner, mais je n'ai pas envie qu'on reste sur ce sujet. Maintenant je veux savoir. Vous ne pourrez pas me retenir indéfinitivement ici. Taris n'acceptera sûrement pas de ne plus me voir. "

A un moment donné, la peur et la douleur se mêle et monte au paroxysme. Mihaël en était arrivé là, et ces deux émotions avait fusionné en lui pour disparaître. Elles surchargeaient tellement ses nerfs que son cerveau ne les prenait plus en considération. L'adolescent était un voleur, avec une éducation de voleur. Il savait se dissimuler, ne plus être lui-même et ne montrer qu'une facade froide et dure.

Lauri ne s'était pas attendu à ce que Mihaël lui pardonne. Ce qu'il avait fait était trop grave. Mais le ton hautain du jeune Humain le surprit énormément. Tellement même que le Noble vint prendre le relais. Le regard chaleureux de Lauri devint glacial. Son beau sourire se mua en un demi-sourire mi-sympathique, mi-hautain. Il se releva et toisa Mihaël. Comment osait-il lui parler comme ça ? Avait-il oublié qu'il était prisonnier ? Lauri n'aurait pas été obligé de lui expliquer la situation. Mais il l'avait fait.
Le Finlandais s'approcha du lit, sortit quelque chose qui ressemblait à un collier de la poche de son pantalon, immobilisa les mains de sa victime et le lui mit autour du cou. Fait d'ombres solidifiée, le collier se ferma de lui-même. Au centre de ce dernier se trouvait la représentation d'un oeil de corbeau.

Bien sûr que je ne peux te retenir indéfiniment ici. Mais avec ceci, je pourrai toujours t'avoir à l'oeil. Sache que ce collier est un mélange d'ombre et de l'esprit d'un corbeau. Je peux "connecter" mon esprit à celui de ce bijou. Donc, où que tu sois, tant que tu porteras ce coller, je saurai où tu es.
Et pour ce qui est de Taris, je vais te donner une petite leçon de hiérarchie lycane: les Loups-Garous obéissent à un chef de meute qui lui-même obéit à un Loup, appelé Alpha. Ce dernier commande aux Lycans de toute une région, voire de tout un pays, dans les cas rares. Pour prendre la place d'un Alpha, il faut le battre en combat singulier.
Ton père, comme tu dis, a été battu par Duncan Corvin qui est un de mes amis TRÈS proches. Ce qui signifie qu'il a juste droit au respect que les Immortels ont pour leurs Anciens. Il doit obéir à son chef de meute et, par extension, à Duncan.

Avec un sourire satisfait, il se mit à caresser le visage de son "invité", puis le lâcha.

Au fait, tu as de très belles armes. C'est ton "père" qui te les a offertes ?

Lorsque qu’une main captura ses poignets et l’immobilisa, Mihaël ne comprit tout d’abord pas et sa froideur se fissura pour laisser paraître à nouveau la flamme de la peur. Puis il sentit quelque chose être passé à son coup, frottant sur sa blessure et un frisson le secoua tandis qu’une sueur froide gagnait son échine lors du discours de Lauri. Un traceur…Il avait un traceur sur lui. Ecoutant distraitement les paroles, il essaya de le décrocher, mais il n’arrivait pas à le saisir entre ses doigts, comme si cette simple volonté de s’en défaire le transformait en une brume.

Taris ne lui était d’aucune aide. Il encaissa le coup en silence, se cabrant un peu sous la main qui le caressait. Pourquoi est-ce que toutes ses bouées se détachaient de lui les unes après les autres ? Mihaël avait l’impression d’être au bord de la noyade et l’océan qui l’attirait dans ses eaux meurtrières ne faisait que s’approfondir. La dernière phrase fut la goutte en trop. Mihaël tenait à ses armes. Taris lui avait dit qu’elles avaient appartenu à ses parents. Ses seuls souvenirs. Déjà ne pas les trouver à son réveil l’avait inquiété, mais là…là…il ne pouvait pas contenir le flot de rage qui monta brusquement en lui. Lauri l’avait enfermé, lui, un voleur ! Il l’avait marqué et en plus il le volait !

" Que savez-vous de moi pour oser vous appropriez mes armes ? Pour oser les toucher ou même en parler ?"

D’une détente brutale, il rejeta Lauri et s’en écarta, sortant du lit. Ses yeux cherchèrent un expédient à sa rage, et il trouva. Mihaël empoigna un vase où reposait une fleur innocente et le projeta contre le vampire, renouvelant l’action à chaque objet assez léger pour être jeter. Un moment, il lança même le plateau qui regorgeait de nourriture tantôt. Puis le voleur se rendit compte que les ombres devenaient menaçantes et il utilisa tous ses talents de voleur pour y échapper, continuant d’essayer de réduire Lauri en bouillie.

Mihaël se tordait, courait, sautait au travers de la chambre, faisant des pieds de nez aux ombres, sa fatigue étant chassée par l’adrénaline. Il était agile, souple et faisait une véritable démonstration de gymnastique et de vol. Malgré son empressement, ses mouvements restaient silencieux, mesurés et teinté de grâce. Que son professeur soit un lycan avait aidé et pour un œil avertit, cela se voyait. Après un moment cependant, l’effort physique devint trop important et une ombre l’attrapa au pied. Mihaël était épuisé…sa tête lui tournait et ne prêtant cure à l’immobilisation qui prenait son corps. Tranquillement, avec un visage d’un ange qui contrastait singulièrement avec la dévastation de la chambre, il s’évanouit.

Voyant que son invité s'énervait quelque peu, Lauri se mit à activer les ombres de la pièce. Le fait de voir Mihaël bouger dans tous les sens pour essayer d'échapper aux ombres l'amusa beaucoup et il croisa nonchalamment les bras, en continuant à faire bouger les ténèbres de la pièce et à esquiver les projectiles du jeune voleur. Il se demandait combien de temps allait tenir le jeune humain, avec la quantité de sang qu'il avait bu.
Ses yeux verts commençaient à reprendre des nuances de rouge, signe que ses actes étaient dictés par le Prédateur.

Il semblerait que j'aie touché un point sensible, n'est-ce pas, mon Chaton ?

Le petit semblait très résistant, pour un humain. Le Finlandais en était très impressionné. Bon, en même temps, Mihaël était un voleur, élevé par un Ancien Alpha âgé de plus de huit siècles. S’il n’était pas un minimum endurant, il aurait souvent été arrêté. Mais pourquoi Taris Ethan protégeait-il un humain ? Telle était la question que Pahan Kukka se posait à cet instant. Mais dans les mouvements de l’adolescent, on pouvait reconnaître l’entraînement lycan de l’époque où Taris était l’Alpha de New-York. Duncan lui en avait fait une démonstration, un jour. Ethan avait été un très bon chef, quoiqu’exigeant, d’après son « ami très proche ».
Au bout d’un bon moment, Mihaël fut saisit par une des ombres de Lintu et s’évanouit. Le Vampire eut juste le temps de l’attraper dans ses bras avant qu’il ne s’écroule.
L’humain était si léger. Le Nordique le souleva et alla le poser tendrement sur le lit. Il tira la couette sur l’adolescent, lui caressa un peu les cheveux et déposa un tendre baiser sur les lèvres de ce dernier.

Uni, pieni enkeli.

Puis, il alla ramasser le plateau et sortit en prenant bien soin de bien verrouiller la porte.

Mihaël, perdu dans les méandres de l’inconscience, ne sentit pas les bras du vampire se refermer autour de lui. En fait, il ne sentit rien du tout, totalement ignorant de son retour dans le lit. Et heureusement pour Lauri, car si Mihaël avait remarqué le baiser sur ses lèvres, la chambre, déjà catastrophée, n’aurait pas survécu. Comprenez que les murs se seraient mystérieusement écroulés.

Quelques heures plus tard, l’adolescent bougea un peu dans ce qui était devenu un sommeil profond. Il se réveillait gentiment, avec un horrible mal de tête et l’impression très désagréable d’avoir couru le marathon. Lentement, les souvenirs remontèrent à son esprit.Un court instant, il espéra avoir fait un cauchemar et être en réalité chez lui. Oui, ce devait être ça…et Taris allait entrer lui hurlant dessus de se lever…qu’il était déjà sept heures passées, qu’il n’avait pas que ça à faire…Lentement, priant intérieurement pour que cette hypothèse soit juste, le jeune voleur porta sa main à son cou.

Tout s’effondra. Le collier se matérialisa sous ses mains et Mihaël n’essaya même plus de l’enlever. C’était impossible, dès qu’il essayait de le toucher un peu plus que le frôlement, le collier devenait une ombre. Comme s’il se fondait dans sa peau. Ouvrant enfin les yeux, la vision de sa chambre les écarquilla. On aurait dit qu'un bulldozer s'était amusé à danser la valse viennoise. Tout objet fragile n'était plus. Le désordre encourut captiva son regard le temps qu'il se remette du choc. Donc il était prisonnier à vie avec l'équivalent d'un traceur à son cou ?

Durement, il s'interdit le désespoir qui monta brusquement en lui. Ce n'était pas le moment. Se levant en vacillant un peu, il se découvrit une tension musculaire certaine, résultat de ses efforts physiques. Un sourire illumina ses traits. Il se préférait ainsi. S'enfuir...Mihaël ne pensait plus qu'à ça à présent. Il ne savait pas pourquoi Lauri avait arrêté de boire son sang de manière aussi spectaculaire, mais ça pouvait se reproduire. Il ne voulait pas.

Approchant la fenêtre, il se mit à l'examiner. Un sourire calculateur déforma ses traits...

( post terminé)

» Mihaël Ethan